jeudi, janvier 19, 2006

Just a smile in your eyes it can light up the night


Il y a quelque semaines, j'ai découvert une nouvelle épatante répondant à l'énigmatique titre de "Brokeback Mountain". C'est Giorgio qui en avait parlé, et sur le moment je me suis dit "encore un évènement culturel pas tout à fait à ma portée". Mais comme je suis buté, j'ai fait le nécessaire pour tenter de me mettre à la portée.
De premier abord un peu désarçonné par la retranscription de l'accent rustique du Wyoming, je suis très vite séduit par la brutalité, l'intensité du style de l'auteure dans cette nouvelle d'une efficacité imbattable. Epoustouflé je suis aussi par la précision improbable avec laquelle cette femme décrit des rapports, des émotions, des sensations, d'une nature qui ne peut lui être qu'étrangère.
La dite nouvelle d'environ 60 pages me colle une bonne soixantaine de baffes et surtout un final digne du début (je sais, je sais, c'est pas évident à comprendre comme ça, mais je vous assure, croyez moi sur parole).
C'est donc non sans une certaine appréhension que j'attendais la sortie du film. Mais que dire de chef-d'oeuvre maintenant que je sors de la salle encore humide d'emotion ? Vous inviter à aller le voir ? C'est inutile, vous irez sans ça.
J'ai plutot envie de vous parler de mon émotion, de ce que je ressens, maintenant.
Je suis ému, touché au fond, là où je ne l'attendais pas.
Pas camp, ni queer, ni tapette pour 2 sous, cette oeuvre magistrale, d'un classicisme admirable et nécessaire redonne l'air de rien, sans la moindre once de militantisme, à l'homosexualité sa concistance première. Opération nécessaire dans un monde perverti par ceux qui n'ont rien compris. La foule y comprendra peut être qu'être gay, homo, PD, avant d'être sexuel, c'est une question d'AMOUR. Quelque part au milieu du wyoming en pleine période Kennedy 2 hommes tombent amoureux et puis c'est tout.
Et c'est là que j'ai envie de vous dire, à vous les gens, que parfois vous me surprenez, et dans ces moments là, je vous aime. Vous vous êtes déplacés en masse et vous avez payé 9.10€ pour voir 2 hommes s'aimer. Pour les voir s'embrasser, se battre, faire l'amour. Sans la moindre image racoleuse. Vous êtes venus voir des sentiments entre 2 hommes.
Merci les gens, merci. Merci Ang Lee. Merci Heath Ledger ("Je n'avais encore jamais joué dans une histoire d'amour digne de ce nom"). Merci Jake Gyllenhaal (" Heath et moi, nous nous faisions suffisamment confiance pour prendre des risques. Ca a été merveilleux de créer une intimité avec lui"). Merci la vie.
Maintenant, j'aimerais vous dire ce que ça change pour moi. Je retrouve de la confiance, car soudain, je ne me sens plus différent de la majorité. Je vois sur un écran de 15m de large 2 hommes qui s'aiment, c'est normal, et c'est beau, et ça ne choque que ceux qui le veulent bien. Soudain, dans un film grand public, on s'adresse à un nouveau "tout le monde", un "tout le monde" un peu plus "tout", dont je fais enfin partie. Je suis délicieusement banal, pour quelques heures à peine, mais ça change tout.
Soudain je n'ai plus envie de me demander si le prochain à faire papillonner mes yeux sera ou non préoccupé du qu'en dira-t-on si je l'embrasse en pleine rue ou si je lui tiens la main. Il n'existe plus de qu'en-dira-t-on.
Soudain j'ai envie qu'on me suprenne, qu'on me chope par la main en courant, qu'on me serre contre un mur pour m'embrasser à pleine bouche. Juste ça.

Juste ça...

jeudi, janvier 05, 2006

La distance tue, suite et fin


Comme dirait Mongola, "y a pas à tortiller du cul pour chier droit", j'ai du flair.
Je savais que la distance nous tuerait. Mais j'ai voulu y croire, et j'ai bien fait.
Certes ça n'aura pas duré longtemps, physiquement. Mais j'ai voulu y croire, et j'ai bien fait.
Ses sentiments, comme les miens, sont réels, tout autant que sa peur face à la distance qui nous sépare.
C'est fair play, élégant de sa part, d'avoir choisi d'arrêter là, plutot que de jouer les amoureux transis et d'avoir un comportement plus désinvolte dans la réalité des nuits catalanes.
C'est donc une jolie histoire qui s'achève. Celle d'un garçon qui a retrouvé la confiance en sa vraie personne, et d'un autre garçon qui, bien qu'un peu désoeuvré face à la perte d'un tendre rêve, a retrouvé la confiance dans les autres garçons. La preuve s'il en était besoin qu'on ne rencontre pas les gens par hasard.

Merci Felix pour ces 4 jours, pour ce mois où je me suis senti vibrer. Merci d'avoir été honnête, de m'avoir montré que je ne suis pas le dernier à fonctionner selons les rites anciens.
Moi aussi, je te suis extrêmement reconnaissant. Je te souhaite une vie merveilleuse