lundi, juillet 03, 2006

Dérive de la société de consommation


Parmi les innombrables sujets fétiches de la presse gay, il y a, façon Cosmo, la fidélité, ou plutot, l'infidélité. L'an passé, TETU titrait : Le secret des couples gay qui durent... En pleine détresse affective, je me ruai sur le dit magazine pour en dévorer l'article, installé sur une terrasse, enveloppé dans la chaleur automnale d'un soleil de septembre.
En plein centre ville, horrifié, je découvrais que cette presse parisienne ne détient pour seul secret de longévité que le libertinage, à l'échelle industrielle de préférence.
Dès lors, j'en arrivais à me poser la question avec sérieux de re-pratiquer la solution proposée, histoire de voir si cela me convenait, finalement... mais la premiere expérience n'ayant pas été fructueuse, je décidai de ne pas la renouveller.
Du coup, j'enfilai ma veste en tweed, ma casquette, mon trench, j'emmenai avec moi mon fidèle basset, et à l'aide de ma loupe, je menai une enquête des plus approfondies au sein de cet univers parfois à la limite du sordide.
Plusieurs forums m'ont aidé dans cette investigation, mais c'est finalement avec une de mes excellentes amies, au cours d'une de nos conversations philosophiques, que nous parvînmes à cette conclusion : le comportement de la majorité des libertins gays (je n'ai pas étudié les autres) est une dérive de la société de consommation. On consomme un mec apres l'autre, sans attache, parfois meme sans demander le prénom... comme on consommerait un produit.
J'ai laché cette théorie en pature sur un forum, et les interessés en ont été profondément choqué. Voici la liste des divers arguments qui m'ont été opposés, ainsi que mes réponses :
- on n'a pas le droit de s'approprier le corps de l'autre et de le priver de sa liberté si on l'aime vraiment ---> sans doute, on ne sera donc pas contrarié que le partenaire fasse ses valises... or cet argument est celui que vous sortez pour l'empecher de partir. Inverser la situation, forcer l'autre à culpabiliser de vous avoir pris en faute, le tout dans l'espoir de le faire rester. Qui prive qui de sa liberté ?
- si on se prive de ça, on finit par s'aigrir et par se venger sur son partenaire ---> quand on est adulte et responsable, on ne fait pas payer ses choix à l'autre, et on ne se venge pas de ses propres choix. Si on ne peut pas se tenir sexuellement, on assume, et on ne choisit pas un partenaire fidèle
- je ne consomme pas les mecs, je les respecte toujours ---> ce n'est pas incompatible. Mais quand vous voulez manger une pomme, vous l'achetez dans l'optique de la manger, vous la mangez, et ensuite vous vous débarassez de ce qui reste. Là vous rencontrez un homme dans le but d'avoir un rapport sexuel, vous avez ce rapport, et quand il est terminé, vous continuez votre chemin sans chercher à la revoir, la plupart du temps. C'est donc de la consommation. même si vous respectez l'autre ! dans la mesure où il cherche la meme chose.
- la vie sexuelle à deux est ennuyeuse à long terme ---> c'est pour ça que l'on est supposé être inventif... c'est aussi par amour que l'on fait ça, que l'on cherche à surprendre l'autre, meme sexuellement. Ce n'est pas seulement pour son propre plaisir !
- c'est mon corps, j'en fais ce que je veux ---> bien sûr que oui ! Et les MST que vous pouvez refiler à votre partenaire, c'est un cadeau d'amour je suppose ? Ben oui, à moins d'utiliser le préservatif pour chacune des pratiques et de ne pas avoir d'echange de salive, le risque est présent. Et il me semble que votre partenaire a tout autant le droit de décider s'il veut prendre des risques avec son corps, non ?
- on a tous des pulsions, c'est hypocrite de ne pas les assouvir ---> non, c'est ce qui nous distingue des animaux. Evidemment que j'ai déjà eu, et que j'ai encore des fantasmes. Mais les fantasmes ne sont pas tous faits pour être réalisés. Il faut laisser une part à l'imaginaire. Et puis, la pulsion du beau mec dans une soirée, est le plus souvent oubliée le lendemain ! même quand on n'a pas consommé. Ca vaut la peine de prendre des risques ? Et puis c'est tellement moins bien que le partage de l'amour physique... mais bon ça c'est mon opinion. Et puis les pulsions, ce n'est pas seulement sexuel. Alors si on assouvit celles ci, on les assouvit toutes ! La prochaine fois que votre patron vous met plus bas que terre devant les autres, allez y franchement, cassez lui les 2 genoux. ben quoi, c'est une pulsion, non ? alors autant se lacher, vous ne voudriez pas être hypocrite quand même !
Autant dire que jusque là, aucun témoignage n'est parvenu à me convaincre. J'ai bien tout retourné dans ma tête, tout ces arguments sont faux et vides de sens. Ils sont ostensiblement destinés à se rassurer. A se dire qu'on est dans son bon droit alors que l'on baffoue l'autre à 100%. Il n'y a rien d'honnête là dedans.
Mais au delà de tout cela, ce qui me révolte véritablement c'est d'ériger en modèle de durée et de stabilité, le libertinage. Comme si les homosexuels n'avaient pas le choix. On se choisit une bobonne pour rester à la maison, et on s'envoie en l'air à couille rabattue. Comme si nous étions des animaux. Comme si, en raison de notre différence, nous étions nécessairement voués soit à l'échec, soit à carburer à la luxure pluri-partite...
Le but n'est pas ici de juger ceux qui pratiquent le libertinage par consentement mutuel. Comme le dit l'adage "chacun fait fait fait, c'qui lui plait plait plait". Il s'agit ici plutôt de comprendre ce qui pousse des hommes à tromper leurs partenaires qui ont choisi d'etre fideles. L'acte accidentel est pardonnable selon son contexte. Ce qui l'est moins, c'est la recherche reflechie et stratégique d'un adultere.
Encore une fois, ce n'est que mon opinion. Si vous avez d'autres arguments à exposer, n'hesitez pas à laisser un commentaire. Je suis curieux de voir qui pourra me mettre le doute...